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Nouveau Premier ministre intérimaire en Thaïlande, en pleine crise politique
Nouveau Premier ministre intérimaire en Thaïlande, en pleine crise politique / Photo: Handout - Royal Household Bureau/AFP

Nouveau Premier ministre intérimaire en Thaïlande, en pleine crise politique

Un nouveau Premier ministre intérimaire, le troisième en trois jours, a prêté serment jeudi devant le roi de Thaïlande, à la tête d'un gouvernement remanié dans lequel figure son ancienne cheffe Paetongtarn Shinawatra, bien que suspendue.

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Phumtham Wechayachai, 71 ans, également ministre de l'Intérieur, a pris la relève de Suriya Jungrungreangkit, qui a dirigé l'exécutif moins de 48 heures, après la suspension par la justice de Paetongtarn Shinawatra, mardi.

Habillés d'un costume blanc, les ministres ont accepté leur fonction devant le monarque Maha Vajiralongkorn et la reine Suthida, dans une salle richement décorée du palais de Dusit, ornée de portraits de précédents rois, selon les images officielles.

Bien qu'au cœur d'une procédure devant la Cour constitutionnelle qui risque de conduire à sa destitution, Paetongtarn Shinawatra a assisté à la cérémonie, en tant que ministre de la Culture, un poste qu'elle s'est assignée avant sa suspension.

Mais ses démêlés avec la justice interrogent sur la possibilité qu'elle puisse durer à ce poste.

La crise en cours est appelée à durer des semaines, voire des mois, le temps que les juges délibèrent sur le cas de la dirigeante, soupçonnée de manquements à l'éthique lors d'un appel avec l'ex-Premier ministre cambodgien Hun Sen qui a fuité. "Ung Ing", comme l'appellent les Thaïlandais, se défend des accusations.

- Majorité fragilisée -

Plus jeune Première ministre qu'ait connue le royaume (38 ans), elle est l'héritière de la dynastie initiée par son père Thaksin, qui a longtemps incarné l'alternative au statu quo défendu par l'establishment militaro-royaliste.

Depuis les années 2000, leurs querelles tenaces ont nourri la réputation d'instabilité du royaume, de quoi dissuader les investisseurs et laisser flotter en permanence le scénario d'un coup d'Etat.

Aujourd'hui, le gouvernement se trouve au devant de décisions cruciales, liées à la menace de se voir imposer une surtaxe de 36% sur ses exportations vers les Etats-Unis. Des émissaires de Bangkok doivent rencontrer des représentants de la Maison Blanche jeudi.

Le remaniement officialisé jeudi découle de la décision du principal allié du parti au pouvoir, Pheu Thai, de quitter la coalition, pour protester contre l'attitude de Paetongtarn. Le reste de la majorité a tenu bon, mais le revirement d'une dizaine de députés suffirait pour faire chuter le gouvernement.

Le nouveau Premier ministre intérimaire, Phumtham Wechayachai, est considéré comme un loyal lieutenant de Thaksin, le charismatique milliardaire qui a dynamité les codes de la politique thaïlandaise dans les années 2000.

- Lieutenant loyal -

Thaksin, le clivant magnat des télécoms, qui a dirigé le pays de 2001 à 2006 jusqu'à un coup d'Etat, est aussi dans le collimateur de la justice: son procès pour lèse-majesté, pour lequel il risque jusqu'à 15 ans de prison, a débuté mardi et les auditions doivent durer jusqu'à la fin du mois de juillet.

Des spécialistes ont estimé que les actions en justice visant Thaksin et Paetongtarn pourraient porter un coup quasi définitif aux ambitions politiques de cette richissime famille.

Phumtham, qui vient de prêter serment, a occupé le poste de ministre de la Défense dans le précédent gouvernement, sans avoir réussi à endiguer la montée des tensions à la frontière avec le Cambodge, après la mort d'un soldat khmer à la suite d'un échange de tirs nocturnes fin mai.

Bien que le climat soit toujours miné avec le voisin cambodgien, le poste de ministre de la Défense a été laissé vacant dans le nouveau cabinet.

Par le passé, l'instabilité gouvernementale a aussi servi de justification à l'armée pour prendre le pouvoir. La Thaïlande a connu une douzaine de coups d'Etat réussis depuis la fin de la monarchie absolue en 1932, et le dernier putsch remonte à 2014, contre la sœur de Thaksin, Yingluck.

D.Lombardi--IM