

Alphabet (Google) s'appuie sur le "cloud" et l'IA pour pulvériser les attentes au 1T
Alphabet (Google) a très largement dépassé les attentes au premier trimestre, catapulté par son activité d'informatique à distance (cloud computing), dont la croissance témoigne d'un appétit toujours soutenu pour l'intelligence artificielle (IA).
Le bénéfice net ressort à 34,5 milliards de dollars, en hausse de 46% sur un an, selon un communiqué publié jeudi.
Rapporté par action, il atteint 2,81 dollars, très au-dessus des 2,34 dollars attendus par les analystes, selon un consensus établi par FactSet.
Il s'agit de l'un des plus importants bénéfices trimestriels jamais enregistrés par une société cotée et un record absolu pour Alphabet.
La nouvelle a été accueillie triomphalement par le marché. Dans les échanges électroniques postérieurs à la clôture de Wall Street, le titre Alphabet prenait plus de 4%, bien qu'ayant déjà gagné près de 8% depuis lundi.
Le groupe de Mountain View (Californie) a vu son chiffre d'affaires croître de 28% sur un an dans le "cloud", à savoir l'ensemble des infrastructures de stockage de données et les logiciels permettant de les exploiter à distance.
Ce rythme est nettement supérieur à celui des ventes totales de l'entreprise (+12%), qui se sont montées à 90,2 milliards de dollars pour la période allant de janvier à mars.
Le "cloud" est considéré comme plus essentiel que jamais pour les entreprises car il offre les capacités nécessaires pour utiliser l'IA générative.
Initialement spécialisé dans la publicité en ligne et les outils de recherche sur internet, Google a massivement investi dans le cloud, au point d'en devenir l'un des poids lourds avec Microsoft et Amazon.
La proportion des revenus tirés de l'informatique à distance a doublé en moins de cinq ans, pour représenter désormais près de 14% du chiffre d'affaires d'Alphabet.
- Le cloud rentable -
"La croissance du cloud indique que le portefeuille de produits et services IA de Google continue de séduire, malgré une concurrence renforcée", a réagi Yory Wurmser, analyste du cabinet Emarketer, même si "les droits de douane (imposés par Donald Trump) pourraient changer leurs plans en matière d'investissement".
Lors de la conférence téléphonique de présentation des résultats, la directrice financière Anat Ashkenazi a indiqué qu'Alphabet prévoyait toujours d'investir environ 75 milliards de dollars cette année.
Angelo Zino, analyste du cabinet CFRA, a relevé que "la rentabilité du cloud (avait) progressé de façon substantielle", avec notamment un résultat opérationnel plus que doublé et des marges en progression.
Ces données montrent que l'IA générative peut être rentable, ce dont s'inquiétaient certains observateurs vu l'importance des moyens engagés pour la développer.
Google met aussi à profit l'IA générative dans son métier d'origine, avec l'intégration de son assistant Gemini à son moteur de recherche.
Le groupe a transformé son célèbre portail en proposant maintenant, en tête des résultats d'une recherche, un texte rédigé par Gemini, dans une fenêtre appelée AI Overview, les traditionnels liens vers des sites n'apparaissant que plus bas.
Google vise ainsi à contrer la concurrence d'interface d'IA générative comme ChatGPT ou Claude, voire Perplexity AI.
Pour autant, au premier trimestre, le chiffre d'affaires tiré du moteur de recherche n'a progressé de 10%, un rythme sensiblement moins élevé que lors des trimestres précédents (au moins 12% sur chaque trimestre de 2024).
Interrogé lors de la conférence téléphonique sur l'impact potentiel des droits de douane du gouvernement Trump, le responsable commercial de Google, Philipp Schindler, a estimé qu'il était "encore trop tôt" pour en parler.
Il s'est refusé à "spéculer", relevant tout de même que la fin de l'exemption de droits de douane pour les petits colis envoyés de Chine aux Etats-Unis, décrétée début avril par Donald Trump, allait occasionner "un léger vent contraire pour notre activité publicitaire en 2025".
Il a mentionné la plateforme eBay, qui devrait souffrir d'un ralentissement de l'activité des entreprises chinoises, qui consacraient jusqu'ici des budgets publicitaires importants à leur promotion en ligne, source de revenus pour Google.
"Nous avons beaucoup d'expérience pour ce qui est de naviguer en temps agité", a insisté le responsable.
La priorité à l'IA ne concerne pas que les clients de Google, qui l'intègre également de plus en plus en interne.
Le directeur général d'Alphabet, Sundar Pichai a révélé jeudi que plus de 30% des lignes de code nécessaires aux logiciels du groupe étaient désormais préécrites grâce à l'IA générative, pour être ensuite validées par des informaticiens.
V.Agnellini--IM