

Nissan lourdement déficitaire au 1T, ventes en berne et surtaxes américaines pèsent
Le constructeur automobile japonais en difficulté Nissan a annoncé mercredi avoir enregistré sur le trimestre d'avril à juin une perte nette de 116 milliards de yens (680 millions d'euros), sur fond de ventes en berne et d'impact des surtaxes douanières américaines.
Au premier trimestre de son exercice décalé, entamé en avril, Nissan a vu son chiffre d'affaires fondre de presque 10% sur un an, à 2.707 milliards de yens (15,8 milliards d'euros) avec un repli de 13% en Amérique du Nord.
La perte nette enregistrée est moindre qu'attendu par les analystes sondés par Bloomberg, mais reflète une situation toujours morose pour le constructeur nippon, engagé dans une douloureuse restructuration.
Si l'évolution de son offre et des réductions de coûts fixes "ont permis d'atténuer les pertes, le groupe continue de faire face à des vents contraires, notamment une baisse des volumes de ventes, des fluctuations défavorables des taux de change et l'impact des droits de douane américains", note Nissan.
L'entreprise maintient ses prévisions pour l'ensemble de l'exercice 2025-2026, à 12.500 milliards de yens (73 milliards d'euros), mais renonce à fournir des anticipations de bénéfice ou de perte dans un environnement commercial toujours très volatil.
Les exportations automobiles du Japon vers les Etats-Unis sont surtaxées à 25% depuis avril par l'administration Trump. Les droits de douane totaux sur le secteur devraient être ramené à 15% selon un accord récemment conclu entre Tokyo et Washington.
Dans ce contexte, Nissan a vu ses ventes aux Etats-Unis -en nombre d'unités- reculer de 6,5% sur la période avril-juin.
Mais ses ventes en terme de véhicules écoulés sont aussi en forte baisse au Japon (-11,1%) et en Chine (-27,5%), son marché phare où il affronte la concurrence acérée des constructeurs locaux, notamment sur l'électrique.
De fait, les tensions commerciales interviennent alors que Nissan était déjà très fragilisé.
Après une tentative avortée de mariage avec son compatriote en meilleure santé Honda, il a fait état mi-mai d'une perte nette annuelle colossale équivalant à 4,1 milliards d'euros sur son exercice décalé 2024-2025.
Et ce, notamment en raison des coûts liés au plan de redressement engagé par l'entreprise qui continuent par ailleurs de pénaliser les résultats du groupe au premier trimestre.
Fortement endetté, non rentable et miné par l'essoufflement des ventes sur ses marchés-clés, Nissan avait annoncé en novembre vouloir réduire de 20% ses capacités de production totales.
Il a précisé depuis qu'il entend réduire le nombre de ses usines de production de véhicules de 17 à 10 d'ici la fin de l'exercice 2027, pour ramener à 2,5 millions de véhicules par an ses capacités de production (hors de Chine).
Le groupe nippon a par ailleurs annoncé viser 20.000 suppressions de postes dans le monde à la même date.
"Ces résultats trimestriels rappellent l'urgence de notre plan de relance. Au cours du dernier trimestre, nous avons pris des mesures décisives (...) Nous devons maintenant aller plus loin et plus vite pour atteindre la rentabilité", a commenté mercredi le PDG Ivan Espinosa, nommé fin 2024 pour mettre en oeuvre la restructuration du groupe.
T.Abato--IM