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De premières recommandations vaccinales pour les enfants chamboulées sous Trump
De premières recommandations vaccinales pour les enfants chamboulées sous Trump / Photo: Alex WROBLEWSKI - AFP/Archives

De premières recommandations vaccinales pour les enfants chamboulées sous Trump

Des experts nommés par le ministre de la Santé de Donald Trump ont voté jeudi pour modifier les recommandations vaccinales sur la rougeole, contre l'avis de scientifiques et de médecins, avec la crainte de futurs changements.

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L'issue de ce vote, qui s'est tenu dans un contexte hautement politique, était particulièrement scruté, le groupe ayant été récemment remanié par le ministre vaccinosceptique Robert Kennedy Jr.

Citant le risque d'effets secondaires pourtant minimes et sans gravité associés au vaccin combiné contre la rougeole, les oreillons, la rubéole et la varicelle (RORV), ce nouveau Comité consultatif sur les pratiques de vaccination (ACIP) a décidé de cesser de le recommander pour les enfants de moins de quatre ans.

"C'est une nouvelle stratégie visant à effrayer les parents", a regretté auprès de journalistes Sean O'Leary, spécialiste en maladies infectieuses et pédiatrie.

La vaccination de cette classe d'âge contre ces maladies sera désormais privilégiée via deux vaccinations séparées: une injection contre les trois premières maladies (ROR) et une contre la varicelle.

Divers spécialistes avaient pourtant mis en garde contre une telle mesure qui sèmerait selon eux inutilement le doute et compliquerait l'accès à ces vaccins.

- "Allégations fallacieuses" -

"Tout changement devrait renforcer et non affaiblir le système qui garantit la santé de nos enfants", a condamné auprès de l'AFP Syra Madad, épidémiologiste.

D'autant que les taux de vaccination du pays évoluent à la baisse depuis la pandémie de Covid-19 et font craindre un retour en force de maladies contagieuses mortelles, comme la rougeole. Elle a déjà fait trois morts en 2025 dans le pays, une situation inédite en plus de 30 ans.

Cette modification pourrait être suivie d'autres: le comité s'est aussi penché sur la vaccination des nouveaux-nés contre l'hépatite B et prévoit d'étudier vendredi les vaccins contre le Covid-19.

D'autres vaccinations, notamment pour les femmes enceintes, seront elles réexaminées ultérieurement, a annoncé Martin Kulldorff, biostatisticien à la tête du groupe. Il a ouvert la réunion sur une tonalité défensive, assurant que le groupe était "pro-vaccin" contrairement aux "allégations fallacieuses".

"Lorsqu'il existe des opinions scientifiques divergentes, ne faites confiance qu'aux scientifiques qui sont prêts à dialoguer et à débattre publiquement", a-t-il lancé.

De quoi faire bondir Wilbur Chen, médecin infectiologue. "Ils n'ont pas l'intention de débattre en s'appuyant sur une science solide", tempête-t-il auprès de l'AFP. "Ils ne font que répéter des informations erronées et falsifiées".

- "Doutes injustifiés" -

Lors de la réunion, des spécialistes se sont relayés pour présenter des données et avis sur les vaccins examinés, exhortant pour certains à ne pas changer les recommandations.

"Vous vous fondez sur des données très limitées et vous donnez une image fausse de la façon dont cela fonctionne", a ainsi tonné Jason Goldman, représentant d'une association de médecins.

Cody Meissner, professeur de pédiatrie au Dartmouth College et seule voix dissidente du comité a lui aussi manifesté sa réticence, notamment au sujet d'un changement concernant le vaccin sur l'hépatite B, qui sera voté vendredi.

"Ce vaccin est absolument sans danger" et, en agissant de la sorte, "nous allons créer de nouveaux doutes injustifiés dans l'esprit des gens", a-t-il ainsi alerté.

Les recommandations que formule ce comité dictent notamment la prise en charge ou non des vaccins par certaines assurances et programmes de vaccinations. Un détail important dans un pays où le prix d'un seul vaccin peut s'élever à plusieurs centaines de dollars.

Dans ce contexte tendu, l'Académie américaine de pédiatrie (AAP) et plusieurs Etats dirigés par l'opposition démocrate ont récemment décidé de publier leurs propres recommandations vaccinales, estimant que celles émises par ce comité ne pouvaient plus être jugées fiables.

Fin juin, le comité fraîchement refaçonné avait déjà suscité des critiques en faisant la promotion de thèses antivax.

D.Lombardi--IM