

"Rendez-leur Delphine!", tonne l'avocat des enfants au procès de Cédric Jubillar
"Rendez-leur Delphine!", a par deux fois tonné mercredi Me Laurent Boguet lors de la dernière plaidoirie des parties civiles au procès de Cédric Jubillar, accusé d'avoir tué son épouse et qui n'a trahi aucune émotion face à cette injonction, avant le réquisitoire attendu dans l'après-midi.
La requête de l'avocat, qui représente les intérêts d'Elyah et Louis, les deux enfants du couple Jubillar, a ainsi conclu sa plaidoirie, bâtie comme un récapitulatif du "travail colossal" accompli par les enquêteurs.
"Les faits sont têtus!", a-t-il scandé au fil de son exposition, citant parmi les indices composant le "faisceau" pointant vers Cédric Jubillar: la voiture garée dans le sens inverse à celui de la veille, démontrant qu'elle a été utilisée pendant la nuit, le téléphone de Delphine bornant autour du domicile, la dispute décrite par Louis…
Me Boguet a dénoncé le "brouillard de guerre" déployé par l'accusé, via ses réponses imprécises ("peut-être", "je ne sais plus", "si vous le dites"), et la défense, qui a "torturé le dossier" pour le remettre en question.
"On peut se moquer de tout et considérer que tous ces éléments, ce n'est rien, mais non, ça donne de la chair autour d'un squelette, celui du féminicide", a-t-il asséné.
"Lorsqu'on annonce qu'on va la tuer, qu'elle sera enterrée et qu'on la retrouvera jamais (des propos rapportés par sa mère, NDLR), et que cinq ans plus tard c'est ce qui s'est passé, c'est accablant !"? a encore tempêté Me Boguet, silhouette massive et verbe haut.
"Moi, je ne vous fais pas confiance, M. Jubillar, je ne vous accorde aucun crédit, rien, vous êtes un menteur", a-t-il fustigé en regardant droit dans les yeux l'accusé, resté de marbre.
"Il ne l'a pas seulement tuée, il l'a étranglée pour la faire taire, il l'a effacée en faisant disparaître le corps", a lâché en fin de plaidoirie l'avocat toulousain.
- Les enfants "méritaient mieux" -
D'une voix chargée d'émotion, sa consoeur Malika Chmani également chargée de représenter les enfants, a regretté que Louis, 11 ans, et Elyah, six ans, aujourd'hui pris en charge par leur tante maternelle, n'aient "jamais eu de réponses à leurs questions" au cours des quatre semaines de procès.
Ils "méritaient mieux", a-t-elle jugé, estimant que l'accusé n'avait pas été "à la hauteur de leur innocence, de leur insouciance, de leur naïveté", alors que, pourtant, "ils vous ont tendu la main".
Toujours stoïque dans son box, l'accusé a montré peu d'émotions face à la plaidoirie de Me Chmani, réprimant ici un bâillement, là se redressant sur son siège. "Je me suis adressée directement à lui. J'ai essayé de voir un peu d'humanité (...) Je n'ai rien ressenti, vraiment le vide", a-t-elle confié à la presse en marge de l'audience.
"Il n'y pas eu de vérité de leur père, je suis venue chercher une vérité judiciaire", a conclu à la barre l'avocate.
- Perpétuité encourue -
Les deux représentants de l'accusation, Pierre Aurignac et Nicolas Ruff, doivent enchaîner par leur réquisitoire. Accusé de meurtre par conjoint, Cédric Jubillar encourt la réclusion à perpétuité.
Tout au long du procès, les interventions des deux hommes ont ponctué chaque témoignage et exposé d'experts, souvent sur des points factuels très précis.
Ils ont pris un soin manifeste à traiter avec considération l'accusé, le saluant toujours poliment.
Ce n'est qu'en fin de procès que les réponses de Cédric Jubillar (ses "peut-être", "si vous le dites", "je ne sais pas"...) ont commencé à impatienter les représentants de l'accusation.
"A chaque fois qu'on essaie de dialoguer avec vous, vous vous dérobez, c'est un peu vain de discuter. Mais merci monsieur!", a ainsi regretté Pierre Aurignac lundi, lors du long interrogatoire de Cédric Jubillar. "Vous dites tout et son contraire sur tout et n'importe quoi", s'est exaspéré Nicolas Ruff lors de la même journée.
La défense plaidera jeudi toute la journée, avant le verdict attendu vendredi.
F.Laguardia--IM