Le Venezuela dit avoir déjoué un complot des Etats-Unis, qui intensifient leur présence dans la région
Le Venezuela a annoncé lundi avoir démantelé une "cellule criminelle" liée à la CIA, après une récente opération visant selon Caracas à "justifier une agression" des Etats-Unis, dont la présence militaire dans la région se poursuit avec un nouveau vol de bombardiers.
Cette "cellule" aurait cherché à attaquer le navire américain USS Gravely amarré à Trinité-et-Tobago pour des exercices militaires dans le but d'incriminer Caracas, a affirmé le ministre des Affaires étrangères Yvan Gil, au moment où l'administration Trump est à couteaux tirés avec le pouvoir du président vénézuélien Nicolas Maduro.
Yvan Gil a déclaré dans un communiqué qu'il avait informé Trinité-et-Tobago d'une "opération sous faux drapeau", un jour après que le Venezuela a annoncé l'arrestation d'"un groupe de mercenaires" liés à l'agence de renseignement américaine.
Caracas estime que la présence de l'USS Gravely est une "provocation" pouvant conduire à une "guerre".
"Sur notre territoire, une cellule criminelle financée par la CIA et liée à cette opération clandestine est en train d'être démantelée", a indiqué Yvan Gil, assurant que la cellule voulait faire "accuser le Venezuela, afin de justifier une agression contre notre pays".
Le ministre vénézuélien de l'Intérieur Diosdado Cabello a ensuite précisé lors d'une conférence de presse qu'au moins quatre personnes avaient été arrêtées.
Le président américain Donald Trump a approuvé des opérations clandestines de la CIA au Venezuela et étudie des frappes terrestres, dans le cadre d'opérations présentées comme une campagne de lutte contre le trafic de drogue dans les Caraïbes.
Dans ce contexte, deux bombardiers B-1B ont survolé lundi la mer des Caraïbes au large des côtes du Venezuela, selon le site spécialisé Flightradar24. Il s'agit de la troisième démonstration de force de ce type par l'armée américaine au cours des dernières semaines.
Elle survient après un vol similaire par au moins un B-1B la semaine dernière et un autre effectué par plusieurs bombardiers B-52 la semaine précédente.
Les Etats-Unis mènent depuis début septembre, essentiellement dans les eaux caribéennes, des frappes aériennes contre des embarcations présentées comme celles de narcotrafiquants qualifiés de "terroristes".
Jusque-là, Washington a revendiqué dix frappes. Elles ont tué au moins 43 personnes, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres du gouvernement américain, qui n'a pas apporté de preuves sur un lien entre les bateaux visés et le narcotrafic.
La légalité des opérations militaires menées par l'administration Trump est largement mise en doute par les experts.
Washington a déployé sept navires de guerre dans les Caraïbes et un dans le Golfe du Mexique, officiellement dans le cadre d'une opération contre le narcotrafic, visant particulièrement le Venezuela et son président Nicolas Maduro.
Le président Trump a aussi annoncé l'arrivée prochaine du plus grand porte-avions du monde.
L'un de ces navires, l'USS Gravely, est arrivé à Port-d'Espagne dimanche et y restera jusqu'au 30 octobre pour des exercices conjoints avec les forces trinidadiennes.
En réponse, la vice-présidente vénézuélienne Delcy Rodriguez, également ministre des Hydrocarbures, a annoncé lundi qu'elle avait recommandé la suspension des accords sur le gaz avec Trinité-et-Tobago.
Malgré l'embargo pétrolier à l'encontre du Venezuela, les Etats-Unis ont redonné début octobre leur feu vert à Trinité-et-Tobago pour l'exploitation de l'important champ gazier Dragon, évalué à 120 milliards de mètres cube, situé dans le nord-est des eaux vénézuéliennes, près de la frontière maritime avec Trinité-et-Tobago et de gisements trinidadiens.
Nicolas Maduro, qui réfute les accusations de trafic de drogue, a reproché vendredi aux Etats-Unis d'"inventer une guerre éternelle". "Ils ont promis de ne plus jamais entrer en guerre et ils inventent une guerre que nous allons éviter", a-t-il dénoncé.
E.Colombo--IM