Le président serbe veut "éviter" une "confiscation" des parts russes dans la compagnie pétrolière NIS
Le président serbe Aleksandar Vucic a déclaré dimanche vouloir "éviter à tout prix" une "confiscation" des parts russes dans la compagnie pétrolière serbe NIS, visée par des sanctions de Washington qui réclame le départ des actionnaires russes, en annonçant une "décision définitive" de la Serbie d'ici une semaine.
Après plusieurs reports depuis janvier, le ministère des Finances des Etats-Unis a commencé à appliquer le 9 octobre les sanctions contre NIS, compagnie cruciale pour le pays des Balkans, mais qui est majoritairement contrôlée par des sociétés russes, notamment Gazprom Neft.
Dans la nuit de vendredi à samedi, les autorités américaines ont fait savoir à Belgrade que la condition pour la levée des sanctions était la sortie totale des actionnaires russes du NIS.
Une situation très compliquée pour la Serbie, candidate à l'adhésion à l'Union européenne et en même temps l'un des rares pays du continent à ne pas avoir imposé de sanctions à la Russie, après son invasion de l'Ukraine. Le pays est aussi très dépendant des importations du gaz naturel russe.
"Je veux qu'on évite à tout prix la confiscation, la nationalisation ou la saisie de biens (...) Nous ne voulons rien prendre à qui que ce soit", a dit le chef de l'Etat serbe lors d'une session du gouvernement convoquée après la dernière annonce de Washington.
Il a expliqué vouloir "épuiser toutes les possibilités" avant d'engager "un processus de prise de contrôle ou autre" au sein du NIS.
"Mais cette décision doit être prise au cours des sept prochains jours. Nous devons avoir une solution le dimanche prochain, car nous n'avons plus rien à attendre", a insisté M. Vucic.
La Serbie a vendu en 2009 pour 400 millions d'euros des parts majoritaires (51%) de NIS à Gazprom Neft, filiale pétrolière du géant russe énergétique Gazprom.
Aujourd'hui Gazprom Neft détient près de 45% de NIS, une de ses sociétés sœurs baptisée Intelligence dispose de 11,30% et l'Etat serbe possède près de 30% de la compagnie. Le reste est détenu par des actionnaires minoritaires.
- "Il n'y a plus de temps" -
NIS gère la seule raffinerie dans le pays, à Pancevo, près de Belgrade, qui approvisionne environ 80% du marché serbe.
M. Vucic a évoqué des négociations en cours des "partenaires russes" avec leurs "partenaires asiatiques et européens" sur une éventuelle vente des parts, sans dévoiler les noms des compagnies.
En cas d'échec de ces négociations, il a proposé au gouvernement d'offrir aux actionnaires russes "un meilleur prix". "Peu importe le coût, nous trouverons l'argent", a-t-il affirmé.
Depuis l'imposition des sanctions, NIS ne peut plus s'approvisionner, et ses réserves de brut, selon des représentants de la compagnie, lui permettront de tourner jusqu'au 25 novembre.
Avec un chiffre d'affaires d'environ 3,3 milliards d'euros en 2024, NIS emploie environ 13.500 personnes et gère plus de 400 stations-service, la plupart en Serbie, et environ 80 en Bosnie, en Bulgarie et en Roumanie.
Certains ministres ont critiqué d'un ton plus ferme du comportement de la partie russe, lui reprochant notamment d'avoir écarté l'Etat serbe des négociations avec des parties tierces.
"Nous avons attendu longtemps, nous avons été très patients, très loyaux, avons discuté à plusieurs reprises avec nos partenaires russes, mais il n'y a plus de temps", a souligné la ministre de l'Energie, Dubravka Djedovic Handanovic.
"La la raffinerie de Pancevo est vitale pour nos citoyens, pour notre économie, le secteur de la santé, la police, les écoles", a poursuivi la ministre.
V.Barbieri--IM