Taxe carbone: l'UE aménage son dispositif pour les engrais face à la crise agricole
La Commission européenne a annoncé mercredi l'aménagement de sa taxe carbone aux frontières sur les engrais importés, afin d'éviter une hausse des prix dans une période de crise agricole.
"Vu la crise agricole, les difficultés que peut rencontrer le milieu, nous avons pris une disposition extraordinaire sur les engrais pour limiter l'augmentation des prix et qu'il n'y ait pas d'impact pour les agriculteurs au moment de l'achat et du stockage de l'engrais importé", a souligné le commissaire européen Stéphane Séjourné, lors d'une conférence de presse à Bruxelles.
Dans le détail, l'exécutif européen appliquera aux engrais une majoration très faible (de 1%) aux "valeurs par défaut", qui servent à calculer les émissions de CO2 d'un secteur.
C'est une exception par rapport aux autres produits concernés par ce mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (acier, aluminium, ciment, électricité et hydrogène), soumis à une valeur par défaut de 10% en 2026, 20% en 2027, et 30% en 2028.
"Les conséquences sur les prix des engrais importés seront donc extrêmement faibles", insiste la Commission, mentionnant une hausse de 7%, répartie entre l'exportateur, l'importateur, les intermédiaires et les agriculteurs.
L'Union européenne a toutefois rappelé l'objectif de son mécanisme d'ajustement carbone aux frontières: éviter aux producteurs européens une concurrence déloyale d'entreprises qui ne sont pas soumises aux mêmes règles environnementales à l'étranger.
Le secteur européen des engrais bénéficiera d'ailleurs d’un soutien de l'UE via un Fonds temporaire pour la décarbonation.
Les céréaliers avaient réclamé d'exclure les engrais importés du dispositif de taxe carbone européenne, redoutant une explosion des prix des intrants.
Ils dénonçaient une "double peine", alors qu'une taxe est déjà imposée aux engrais importés de Russie depuis juillet, pour priver Moscou d'une manne qui finance sa guerre en Ukraine.
A.Bruno--IM