

Des dizaines de milliers de vacanciers affectés par une grève des aiguilleurs du ciel
Des centaines de vols annulés et de nombreux retards, affectant des dizaines de milliers de passagers: une grève des contrôleurs aériens français, jeudi et vendredi, perturbe le début des vacances d'été.
"On essaie de positiver, il y a plus grave mais c’est agaçant", témoigne à l'AFP Nadia Rivet, 51 ans. Le vol de cette employée de banque entre Pau et Paris prévu jeudi matin a été supprimé, alors qu'elle voulait passer six jours de congé dans la capitale pour y voir sa soeur et se rendre à l'anniversaire d'un ami.
"Le droit à la grève, chacun peut l’exercer mais c’est pénalisant, les contrôleurs aériens ne sont pas les plus mal lotis", ajoute-t-elle, espérant pouvoir prendre le même vol vendredi, même si elle redoute une nouvelle annulation "car le préavis de grève est posé pour deux jours".
Le deuxième syndicat d'aiguilleurs du ciel, l'Unsa-Icna (17% des voix aux dernières élections professionnelles) a lancé ce mouvement pour réclamer de meilleures conditions de travail et des effectifs plus importants.
Il a été rejoint par la troisième force syndicale de la profession, l'Usac-CGT (16%). De source proche du dossier, 270 contrôleurs aériens se sont déclarés grévistes jeudi, sur un effectif total de quelque 1.400.
La Direction générale de l'aviation civile, pour mettre en adéquation le nombre de contrôleurs à leur poste et le volume de vols, a demandé aux compagnies de renoncer à une partie de leurs programmes.
Cela concerne notamment 50% des vols à Nice, Bastia et Calvi, et 25% dans les aéroports desservant Paris, Charles-de-Gaulle et Orly, qui en période de pointe estivale voient transiter quelque 350.000 voyageurs par jour au total, mais aussi Beauvais, place forte du "low cost".
Peu après 11h00 jeudi, des vols maintenus accusaient d'importants retards, notamment 1h36 à l'arrivée et 48 mn au départ en moyenne à Nice, selon la DGAC.
- Perturbations dans toute l'Europe -
Celle-ci a prévenu qu'"en dépit de ces mesures préventives, des perturbations et des retards importants sont à prévoir sur l'ensemble des aéroports français".
Vendredi, veille des vacances scolaires, la situation sera encore plus tendue dans les aéroports parisiens et à Beauvais, la DGAC y ayant ordonné une réduction du nombre de vols de 40%.
Le trafic aérien dans toute l'Europe occidentale pâtit du mouvement.
L'organisme de surveillance Eurocontrol, jeudi matin, a mis en garde les compagnies contre des retards pouvant être "importants" dans les zones de survol gérées par les centres de navigation aérienne de Marseille, Brest et Reims.
Quelque 29.000 vols commerciaux sont prévus jeudi en Europe, selon une mise à jour d'Eurocontrol qui a relevé près de 20 minutes de retard par liaison en moyenne à 11h05, des délais imputables à 78% à la grève française.
La première compagnie aérienne européenne, Ryanair, a annoncé jeudi avoir dû annuler 170 vols, affectant 30.000 passagers. "Une fois de plus, les familles européennes sont prises en otage par les grèves des contrôleurs aériens français", a dénoncé son patron Michael O'Leary.
Air France a confirmé avoir été "contrainte d'adapter son programme de vols", sans préciser le nombre d'annulations, mais souligné que son réseau long-courrier n'était pas affecté.
L'association Airlines for Europe, qui fédère outre Ryanair, Air France-KLM, Lufthansa, British Airways et EasyJet, a jugé la grève "intolérable".
Mercredi, le ministre des Transports a exclu de céder. "Les revendications portées par des syndicats minoritaires sont inacceptables, tout comme le choix de faire cette grève au moment des grands départs en congés", a affirmé Philippe Tabarot.
- Long-courriers d'Air France pas affectés -
Une réforme contestée est en cours pour établir un pointage des contrôleurs à la prise de poste, à la suite d'un "incident grave" à l'aéroport de Bordeaux fin 2022, quand deux avions avaient failli entrer en collision. Une enquête en avait fait peser la responsabilité sur une organisation défaillante du travail.
Parmi les griefs de l'Unsa-Icna: "un sous-effectif entretenu et responsable des retards une bonne partie de l'été", des outils obsolètes et "un management toxique, incompatible avec les impératifs de sérénité et de sécurité exigés".
Le premier syndicat d'aiguilleurs du ciel, le SNCTA (60% des voix), n'a pas appelé à la grève.
V.Agnellini--IM