

Des hauts dignitaires chrétiens à Gaza après des tirs israéliens meurtriers sur une église
Les deux plus hauts dignitaires chrétiens de la Terre Sainte se sont rendus vendredi à Gaza, après des tirs israéliens meurtriers sur une église catholique dans le territoire palestinien, qui ont provoqué des condamnations internationales.
Cette rare visite dans la bande de Gaza ravagée par plus de 21 mois de guerre entre Israël et le Hamas, intervient au lendemain des "profonds" regrets exprimés par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, après selon lui un "tir indirect" qui a touché l'église de la Sainte-famille à Gaza-ville.
C'est la seule église catholique de la bande de Gaza, où la guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023.
Israël contrôle strictement l'accès à la bande de Gaza assiégée, où la Défense civile a fait état d'au moins 25 morts dans de nouveaux bombardements israéliens, notamment à Khan Younès.
Dans cette ville du sud, des habitants ont fouillé à mains nues les décombres à la recherche de survivants.
"Des familles entières sont ensevelies sous les gravats", a déclaré à l’AFP Louai Abou Sahloul, un proche des victimes.
- "Comme des morts-vivants" -
"Les gens sont comme des morts-vivants, épuisés par la faim, la douleur et la destruction omniprésente à Gaza", a-t-il ajouté.
Interrogée à propos de la frappe à Khan Younès, l’armée israélienne a déclaré à l’AFP avoir frappé une "infrastructure terroriste appartenant au Hamas" et assuré avoir pris des mesures pour limiter les risques pour les civils.
Plus au nord, le patriarche latin catholique de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa, et son homologue grec orthodoxe, Théophilos III, ont salué des fidèles chrétiens et ont visité l’église de la Sainte-Famille dans la ville de Gaza.
Ils ont récité des prières et allumé des bougies à l’église grecque orthodoxe Saint-Porphyre, lors d’une visite que le Patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem a qualifiée de "puissante expression" de l’unité et de la solidarité de l’Eglise.
Le patriarcat latin de Jérusalem avait plus tôt exprimé "la préoccupation des églises de la Terre Sainte pour la communauté de Gaza".
- Le pape a parlé avec Netanyahu -
A l'occasion de cette visite, des vivres et du matériel médical seront livrés à la population civile au bord de la famine selon l'ONU, selon le Patriarcat latin et l'église grecque orthodoxe.
En Italie, le chef de la diplomatie, Antonio Tajani, a déclaré que la délégation était arrivée avec 500 tonnes d'aide: "Le gouvernement italien appelle Israël à garantir la sécurité des deux envoyés dans leur importante mission".
Vendredi, le pape Léon XIV, lors d'une conversation téléphonique avec M. Netanyahu, a appelé à "redynamiser les négociations" en vue d'un cessez-le-feu et exprimé "sa préoccupation face à la situation humanitaire dramatique" à Gaza.
Le chancelier allemand Friedrich Merz a aussi eu un entretien téléphonique avec le Premier ministre israélien auprès duquel il a exprimé "son espoir d'un cessez-le-feu rapide" à Gaza, selon ses services.
Les négociations indirectes entre le Hamas et Israël sont dans l'impasse.
Jeudi, le patriarcat latin a affirmé qu'une "frappe de l'armée israélienne" avait touché le complexe de l'église, où sont réfugiés des centaines de déplacés palestiniens, faisant trois morts et 10 blessés parmi lesquels le père Gabriel Romanelli.
"Israël regrette profondément qu'un tir indirect ait atteint l'église de la Sainte-Famille", a indiqué M. Netanyahu jeudi.
L'armée israélienne a suggéré "que des éclats d'un obus tiré lors d'une opération dans le secteur ont touché par erreur l'église".
- "Un abri sûr" -
Pour le patriarcat latin, "viser un site sacré qui abrite environ 600 déplacés, en majorité des enfants, est une violation flagrante (...) du caractère sacré des sites religieux, supposés fournir un abri sûr en temps de guerre".
Jeudi, Pierbattista Pizzaballa a déclaré à Vatican News: "ce que nous savons avec certitude, c'est qu'un char a frappé directement l'église".
Gaza compte environ un millier de chrétiens, sur une population de plus de deux millions de personnes. La plupart des chrétiens sont des orthodoxes mais, selon le patriarcat, environ 135 catholiques vivent dans le territoire palestinien.
L'attaque du 7-Octobre a entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.
Israël a juré de détruire le Hamas et a lancé en représailles une offensive destructrice dans laquelle au moins 58.667 personnes, majoritairement des civils, ont été tuées, selon des données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.
I.Pesaro--IM