En Tunisie, le syndicat des journalistes alerte sur une "montée de la censure"
Le Syndicat national des journalistes tunisiens a alerté mardi sur une "montée de la censure", faisant état d'une "escalade sans précédent des menaces" contre la liberté de la presse en Tunisie.
Le contexte actuel est "critique" et "des indicateurs alarmants (augurent de) la disparition possible d'un certain nombre de médias, en raison des pressions politiques et des difficultés économiques et sociales que traverse le secteur", affirme le SNJT dans un communiqué après une réunion de son bureau exécutif élargi.
Le syndicat dénonce notamment des "tentatives continues" de "soumettre et domestiquer" les médias par le biais de "restrictions, de harcèlement et d'exclusions".
Il prend en exemple le fait que les journalistes soient empêchés "de couvrir des procès d'opinion" et critique "la dissimulation d'informations d'intérêt public dans les grandes affaires nationales".
L'écrasante majorité des journalistes travaillant pour des médias locaux et internationaux ont récemment été interdits par la police d'entrer dans les salles d'audience des tribunaux pour les procès contre des figures politiques et médiatiques.
Le SNJT a en outre dénoncé le fait que les journalistes soient actuellement "privés de leur droit à obtenir la carte de presse professionnelle" ainsi que, pour les correspondants des médias internationaux, des autorisations de tournage.
Ces pratiques reflètent "une volonté claire de porter atteinte à l'essence même du journalisme libre et de transformer les médias en outils de propagande", a-t-il fustigé.
Depuis le coup de force du président Kais Saied, qui s'est octroyé tous les pouvoirs depuis le 25 juillet 2021, des ONG locales et internationales dénoncent une régression des droits et libertés en Tunisie.
Ces derniers jours, le pouvoir a suspendu les activités de deux importantes ONG, l'Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) et le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES).
J.Romagnoli--IM