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CAN-2025: l'équipe du Soudan veut offrir à son peuple un répit dans la guerre
CAN-2025: l'équipe du Soudan veut offrir à son peuple un répit dans la guerre / Photo: Gabriel BOUYS - AFP

CAN-2025: l'équipe du Soudan veut offrir à son peuple un répit dans la guerre

De la peur des combats à la pression du jeu, Mohamed Al Nour, le gardien de l'équipe soudanaise, a laissé derrière lui la "terreur" de la guerre au Soudan avec le devoir de réconforter un peuple meurtri lors de la Coupe d'Afrique des nations (CAN) au Maroc.

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Lorsque le conflit sanglant entre l'armée régulière et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) éclate en avril 2023, sur fond de lutte pour le pouvoir, le portier est contraint de mettre le foot entre parenthèses.

"On a vécu la terreur", confie avec pudeur à l'AFP le footballeur de 25 ans, qui évolue à Al Merreikh, l'un des deux plus grands clubs du Soudan. Son frère, affirme-t-il, a été détenu pendant près de neuf mois par les FSR.

La guerre a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé près de 12 millions de personnes et engendré, selon l'ONU, la pire crise humanitaire au monde, tandis que les deux camps sont accusés de graves exactions.

Mohamed Al Nour espère que son équipe, qui s'est qualifiée pour les huitièmes de finale, ira "le plus loin" possible dans la CAN pour "faire plaisir au peuple" soudanais, éprouvé par l'effondrement du système de santé, la destruction des infrastructures et la famine dans certaines régions du pays.

Battu d'entrée par l'Algérie (3-0), le Soudan a ensuite créé la surprise en s'imposant face à la Guinée équatoriale (1-0), à Casablanca.

C'est la deuxième victoire du Soudan en 18 matches et six phases finales de Coupe d'Afrique, que le pays a remportée en 1970, à une autre époque.

Les Soudanais terminent la phase de groupes mercredi contre le Burkina Faso.

- "Prier pour la paix" -

Depuis le début de la guerre, le championnat national est à l'arrêt, contraignant le club de Mohamed Al Nour et son grand rival Al-Hilal à s'exiler, d'abord en Mauritanie puis au Rwanda.

En 2025, les deux équipes ont toutefois disputé un mini-tournoi local afin de conserver leur éligibilité aux compétitions continentales, selon la Fédération soudanaise, qui a annoncé une relance du championnat en janvier dans les zones jugées sûres du pays.

"Nous avons essayé d'utiliser chaque match pour nous préparer et créer une osmose au sein du groupe pour créer un collectif", explique le milieu de terrain Ammar Taifour, joueur d'Al Merreikh lorsque la guerre a éclaté.

A ce stade, les efforts internationaux visant à instaurer une trêve dans le conflit sont restés sans résultat.

Après la victoire contre la Guinée équatoriale au Maroc, "c'était vraiment génial de voir la réaction" des Soudanais, qu'ils aient assisté au match au stade ou qu'ils aient envoyé des messages depuis l'étranger, se réjouit le joueur américano-soudanais de 28 ans, espérant que les résultats des Crocodiles du Nil, l'un de leurs surnoms, puissent les "éloigner de la guerre" le temps d'un instant.

Pour lui, la journée du 15 avril 2023 restera gravée dans sa mémoire: "Nous étions dans un camp avec Al Merreikh à Khartoum. Je me souviens de la surprise, du choc provoqué par les premiers coups de feu (...). C'était très surprenant. Personne ne s'y attendait."

"Puis, les jours suivants, les coupures d'électricité, les coups de feu incessants (...). On ne savait pas ce qui se passait, c'était la grande cohue", ajoute le footballeur qui évolue désormais au Club sportif sfaxien, en Tunisie.

Plus de deux ans après, la guerre, marquée par des exécutions, pillages et viols, continue. A la suite de la prise en octobre d'El-Facher, dernier bastion de l'armée dans la vaste province du Darfour dans l'ouest du pays, les FSR ont recentré leurs opérations sur la région voisine du Kordofan.

"Je prie juste pour la paix et pour que tous ceux qui se trouvent dans cette situation soient en sécurité et s'en sortent", souffle Ammar Taifour.

C.Abatescianni--IM